Contre-jour de Robert Nédelec (L'Arrière-pays), extrait

Publié le par Trémalo

robert_n-delec.jpgLes coups de feu n'importent plus, murmure-t-on, en feuilletant, la tête ailleurs, ce que l'on avait pris autrefois pour le programme de la fête,

Du village ou de sa planète, et l'on se rappelle soudain ce rond rouge, cette parfaite éclaboussure, qui faisait tache et semblait battre à l'autre bout,

Du tunnel de zinc ou au fond du trou. Les coups de feu ne déchirent plus vraiment, par les temps qui s'immobilisent ou courent trop vite,

L'effet recherché, le brouhaha ni le silence, les victimes ne sont que chiffres ronds sur le papier, la mort obéit au marché, n'enfreint pas les lois

De la concurrence et se négocie à son juste prix. Et l'on découvre donc qu'en croyant viser au front cette face qui illuminait le miroir,

Le ciel et la piste de cirque, on ne parvient qu'à cribler sa vie de verre et d'éclisses, fragments de fenêtres sans doute, à trouer ses désirs anciens,

Et l'on découvre que l'on ne prend jamais pour cible qu'une banale image de pigeon et quelques cercles concentriques sur un carton de tir forain.

Publié dans Des nouvelles du front

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article